22 octobre 2020
Madame la Ministre,
Personne n’est responsable de l’arrivée de la Covid 19 en Fédération Wallonie Bruxelles, ni vous, Madame la Ministre, ni nous, les directions d’école épuisées (comme vous l’avez dit vous-même, nous octroyant généreusement deux jours de congé supplémentaires pour éteindre l’incendie dans les écoles).
Cependant, notre fatigue pourrait être un peu moindre si vous preniez les décisions qui s’avèrent maintenant, au vu de ce qui nous attend dans les semaines et les mois qui viennent, absolument nécessaires et urgentes. Et de cela, vous en êtes responsable, Madame la Ministre.
Le Collège des Directeurs vous a interpellée, début du mois de juillet, sur ce qui allait se produire en septembre dans les écoles au niveau de la propagation du virus et vous pensiez à l’époque que définir les codes couleurs suffirait et que tout allait bien se passer. Je vous entends encore dire, en répondant à un questionnement sur les bulles à respecter, « oh, vous savez le respect des bulles maintenant… »
Quand on constate que 25% des enseignants sont absents dans le fondamental, on ne peut pas dire que tout se passe pour le mieux. Il faut donc « serrer la vis », comme vous l’avez dit hier à la télévision, au niveau des contacts entre adultes. Nous étions déjà fainéants, nous voilà irresponsables… A quand le minimum de respect nécessaire si vous voulez que nous continuions à suivre les instructions nombreuses et parfois contradictoires que vous nous transmettez.
Nous avions aussi demandé un moratoire d’un an dans la mise en place du Pacte pour un Enseignement d’Excellence, de manière à gérer l’urgence de la situation et répondre à la demande du politique et de la société qui estime essentiel de maintenir les écoles ouvertes, quoiqu’il arrive.
Début juillet, cela a été refusé pour des motifs difficiles à comprendre, mais maintenant, cette position n’est plus tenable.
Constatons la situation aujourd’hui : un quart des enseignants absents, des bénévoles parfois non diplômés devant les élèves, des institutrices maternelles intérimaires dans les classes de primaire (même chez les grands), et parfois même des directions….
La recommandation de réduire les réunions non essentielles, l’absence de certains collègues craintifs ou à risque à ces réunions quand elles sont quand même organisées,… ne permettent plus d’avancer au niveau pédagogique et certainement pas, par exemple, de réfléchir et rédiger un Plan de Pilotage qui devrait sauver notre enseignement à terme. Il n’est pas question de remettre en cause la pertinence de ces réflexions sur l’amélioration des apprentissages, mais le contexte et les règles de plus en plus drastiques imposées dans nos classes vont à l’encontre de ce que devrait être un enseignement juste et efficient. Demander aux équipes de réfléchir sur un sujet aussi important pour l’avenir de nos enfants demande sérénité et sécurité. Difficile de nous faire croire que c’est le cas.
Nous ne voulons pas non plus de Plans de Pilotage au rabais qui seraient rendus, juste pour respecter des délais.
Suspendre jusqu’à la rentrée 2021 les diverses enquêtes et vérifications énergivores (Bien-être, Fla, Sécurité et hygiène, …) serait également nécessaire et bienvenu.
Ce que nous demandons est simple : laissez-nous gérer la crise sanitaire en adultes responsables, arrêtez de nous considérer comme des enfants ou des exécutants qui ne réfléchissent pas, et simplifiez-nous le travail en nous laissant nous concentrer sur le présent pour que l’Ecole puisse survivre à cette crise sans précédent.
Laissez-nous nous concentrer sur l’essentiel du moment : la sécurité et la santé de nos élèves et de nos enseignants. Il sera temps de se poser les questions nécessaires à l’amélioration de notre système scolaire quand le ciel se sera éclairci.
Respectueusement,
Pour le Collège des Directeurs de l’Enseignement Fondamental Libre Catholique
TOUMPSIN Christine CHANDELLE Benoît
Présidente Vice-Président